source : Le Reporter, 17 août 2016
À l’entame de ses propos, le président de l’Association malienne des expulsés (Ame), Ousmane Diarra, dira que, depuis plusieurs mois, ces jeunes migrants maliens étaient bloqués dans la ville algérienne de Tamanrasset. « Ils n’étaient plus libres de leurs mouvements et ne pouvaient plus continuer leur parcours migratoire, à la suite des affrontements qui les ont opposés aux habitants algériens de Tamanrasset. C’est ainsi que près de 500 ressortissants maliens ont été logés dans les locaux du Consulat. Raison pour laquelle le gouvernement malien a décidé d’organiser cette opération de rapatriement », a-t-il expliqué. Avant d’ajouter que l’Ame salue et félicite le gouvernement malien pour l’organisation de ce rapatriement massif de migrants maliens pour éviter que leurs souffrances ne perdurent dans ce pays africain.
Pour le représentant d’Amnesty international-Mali, El Béchir Singaré, ces migrants, qui ont quitté leur pays d’origine, le Mali, à cause du manque d’emplois et de perspectives, se trouvent désormais contraints de faire face aux dures réalités du chômage. « Comment comprendre qu’un pays africain puisse se comporter de cette manière avec les ressortissants d’un autre pays africain ? Comment comprendre que les Maliens soient autant l’objet de refoulements, d’expulsions et de rapatriements de la part de pays africains comme la Mauritanie, l’Algérie, le Gabon, la Guinée équatoriale et l’Angola ? Comment comprendre que les Maliens soient autant l’objet de traitements inhumains, cruels et dégradants à travers le monde ? » se demande-t-il.
Avant d’égrener les multiples exemples, comme celui d’Adama Traoré, mort dans des circonstances non élucidées en France ; le cas de Mody Boubou Coulibaly, mort de façon atroce en Mauritanie ; le cas des 300 travailleurs maliens de Tamanrasset escroqués par un agent du Consulat général du Mali dans cette ville…
Singaré a pointé du doigt l’Etat malien pour sa négligence envers ses ressortissants à l’étranger. Pour lui, le Malien n’est pas mis dans ses droits. Il exhorte les autorités à faire la lumière sur les différents cas ci-dessus évoqués et invite les Etats africains à mieux protéger les droits des migrants vivant sur leur territoire, dans le cadre de l’Union africaine.
Par ailleurs, les migrants ont donné des précisions sur leur vécu en Algérie. « Quel rôle jouent les représentations diplomatiques et consulaires du Mali à l’étranger pour la protection des Maliens et de leurs biens ? » s’interroge Boubou Camara, l’un des expulsés. Selon lui, les Maliens sont considérés comme des « bêtes » en Algérie.
« Certes, les autorités algériennes ne font rien pour éviter notre calvaire, mais aussi, le Consul du Mali en Algérie est resté sans rien faire. Le chic dans notre cauchemar, c’est que c’est un Malien même qui a bouffé tous nos sous pendant notre itinéraire d’Alger à Bamako », a déploré Adama Koné.
Aux dires de ces migrants, leur problème principal est le fait que l’Etat malien délivre les pièces d’identification à tout le monde. Et ce sont ces pièces dont d’autres nationalités africaines se servent pour semer des troubles dans les pays d’accueil. Toute chose qui se solde chaque fois par des rapatriements. Pendant plus d’une demi-heure d’horloge, ces jeunes expulsés ont relaté leurs dramatiques conditions de vie, tout pointant un doigt accusateur sur l’Etat malien ainsi que celui algérien.
Rappelons que, suite à ces traitements inhumains infligés à nos compatriotes en Algérie, l’Ame a condamné avec force les persécutions des Maliens sous toutes leurs formes à travers le monde entier, avant d’exprimer sa vive préoccupation des conditions de vie des Maliens vivant à l’étranger, et appelle les autorités à la protection physique de tous les migrants maliens et de leurs biens.
Ousmane DIAKITE/Stagiaire