Accueil > Revue de Presse > (101 Maliens) France-Mali / Que sont-ils devenus (photos)
Collectif - Yohanne Lamoulère photographies
En 1986, le charter des "101 maliens" fait la Une. Pasqua est alors ministre de l’intérieur et inaugure par cet événement une nouvelle forme d’expulsion de masse. Il révèle une problématique alors négligée, celle de la relation entre migrations de travail et solidarité internationale. Le charter des 101 Maliens affichait la conséquence d’un tournant majeur de la politique migratoire : l’obligation de visa imposée aux ressortissants de la plupart des pays pauvres, notamment ceux issus de l’ancien empire colonial français. Prise au prétexte de la lutte contre le terrorisme international, l’obligation de visa permettait de rendre beaucoup plus effectif l’arrêt de l’immigration de travail. En effet, bien que la procédure réglementaire d’introduction ait été suspendue en 1974 pour les travailleurs étrangers, ceux-ci continuaient d’entrer librement en France « en touristes » et y trouvaient facilement un employeur insouciant ou ignorant du délit, alors très rarement réprimé, d’emploi d’étranger non autorisé à travailler. Le curieux concept de « risque migratoire » est alors apparu dans les instructions enjoignant aux consulats de refuser l’octroi d’un visa aux étranger présentant ce risque, typiquement les hommes, jeunes, célibataires et sans qualification professionnelle. Pour les Africains sub-sahariens francophones, c’en était fini de l’émigration « spontanée », tranquille et souvent temporaire. Entrer en France devenait beaucoup plus difficile et pour ceux qui s’y trouvaient déjà, le retour au pays risquait fort d’être définitif. Souvent perçues comme injustes, ces contraintes n’ont pas été levées au fil du temps, au contraire ; l’obligation de visa est devenue la norme pour tous les pays riches vis à vis des ressortissants de pays pauvres. Pourtant, l’émigration n’a pas cessé ; elle exige des stratégies plus élaborées et emprunte des canaux plus complexes et plus risqués. A tel point que certains défenseurs des droits des étrangers en viennent aujourd’hui à évoquer cette période d’avant 1986 comme un âge d’or auquel une politique migratoire « juste et humaine » devrait permettre de retourner. Plusieurs parcours, ici, racontent une partie de ce que sont devenus ces gens, au Mali et en France. (Louis Bretton)
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