Les hauts fonctionnaires africains et européens se sont réunis à Malte les 8 et 9 février 2016 pour une évaluation à mi-parcours du processus de la Valette. La question du laissez-passer européen et des accords de réadmission visant à expulser les migrants en situation irrégulière était à l’ordre du jour des discussions. Pour les membres de l’Association malienne des expulsés, la position du gouvernement malien reste floue.
C’est dans cette logique qu’ils s’inquiètent et réclament au gouvernement du Mali des éclaircissements à propos de la signature de l’accord de réadmission et l’utilisation du laissez-passer européen. Ces préoccupations ont été soulevées à la faveur d’une conférence de presse organisée le mardi 14 février 2017 à leur siège sis à Djélibougou. Cette rencontre a été l’occasion pour les membres de l’association de donner leur position par rapport à l’application du plan d’action de la Valette et parler sur les incidences des politiques migratoires dans l’espace Cedeao.
Faisant l’évaluation du processus de la Valette, le président de l’AME, Ousmane Diarra, dira que les Européens sont toujours dans la dynamique de mettre fin à l’immigration. Selon lui, ils ont décidé de renforcer la surveillance en Libye qui est le passage par excellence des migrants. En outre, le dispositif sécuritaire de certains pays voisins de la Libye a été renforcé. Le triste constat, selon lui, est que les Africains ne sont pas solidaires face à la question d’accord de réadmission. De son point de vue, certains pays africains cherchent seulement à avoir le fonds fiduciaire qui s’élève à milliards 300 mille euros.
L’autre situation que le Président Diarra dénonce est la question de la signature du document du laissez-passer européen. La France et la Suède, dit-il, ont expulsé deux Maliens avec des laissez-passer européens dont le gouvernement malien n’a pas reconnu. Le hic, selon lui, est que le Mali n’a jamais signé le document. Ousmane Diarra pense que le laissez-passer européen est plus dangereux que l’accord de réadmission. « Si les Africains acceptent que l’Europe délivre le laissez-passer européen, ça permettra aux Européens d’expulser tous les immigrés non identifiés au Niger », prévient Diarra.
L’ambigüité du gouvernement
A mi-parcours, l’Union européenne a invité à la Valette, les 8 et le 9 février de l’année écoulée, les hauts fonctionnaires africains et européens pour faire la première évaluation du processus. Le Président de l’AME, Ousmane Diarra, affirme que le gouvernement n’a jamais fait le compte rendu de ce qui s’est réellement passé à la Valette. « Il faut que l’Etat malien nous dise ce qui s’est passé à la Valette les 8 et 9 février. De quoi il a convenu avec les Européens ? Il n’y a pas d’assurance. L’inquiétude de l’AME est de savoir si le Mali a pris une position claire pour satisfaire ses partenaires européens à cause du fonds fiduciaire. Au regard des pressions européennes en cours ainsi que les multiples rencontres et visites des Européens en Afrique, est-ce que le Mali pourra résister à la pression ? Est-ce que notre pays ne va pas signer l’accord de réadmission avec la France », interroge t-il.
Le sieur Diarra affirme que le gouvernement du Mali cherche 120 milliards de F CFA pour la mise en œuvre de la Politique nationale sur la migration (Pona). Il se pose la question de savoir si l’Etat du Mali ne va pas signer les accords de réadmission et encaisser le fonds fiduciaire proposé par les Occidentaux. En tout cas, Ousmane Diarra est convaincu que le Mali a bénéficié de certains projets dudit fonds.
Par ailleurs, notons que l’AME a reçu 3 353 Maliens expulsés courant 2016.
Ibrahim M.GUEYE
Le Prétoire