La journée dans la capitale malienne a connu beaucoup d’animations. Ouverte par une conférence sur la question des déguerpissements et de l’accaparement foncier, elle s’est poursuivie toute la matinée avec des témoignages de victimes de ces politiques. En marge de la conférence, une marche s’est déroulée aux alentours de la maison des jeunes pour dénoncer les politiques migratoires et la situation des sans papiers. Durant cette marche, Tiken Jah Fakoly, qui passait par hasard en voiture, a apporté son soutien à la manifestation. Le Mali, comme de nombreuses capitales à travers le monde, connaît de nombreux cas de violation du droit au logement et du droit à l’accès à la terre. A Bamako, les déguerpissements sont monnaie courante et les témoignages ont montré que cette situation est d’une extrêmement violence.
Dans l’après midi les caravanier-e-s des réseaux No Vox, ATTAC et CADTM se sont rendu-e-s dans le village de Tchela Koroboubou, où les habitant-e-s ont été victimes de déguerpissements, pour apporter un soutien militant-e-s aux déguerpi-e-s en lutte.
Pour clôturer la journée bien chargée, une soirée culturelle a été organisée. Soirée au cours de laquelle Razak Ketehouli d’ATTAC/CADTM Togo, accompagné à la guitare par Arafet Ben Marzou sympathisant du CADTM Tunisie, a proposé un slam sur la dette. Ce texte puissant, écrit il y a deux ans et rendu public à l’occasion de cette soirée, montre la détermination de la jeunesse de se réapproprier son avenir en se libérant définitivement du joug capitaliste. La jeunesse tunisienne a ouvert la voie, à qui le tour ? Le tsunami de révoltes et de résistances tunisien doit atteindre tout le continent africain.
Après une courte nuit de repos, la caravane « des 500 » s’est mise en route pour Kayes. Sur la route, lors de la courte pause pour le repas, le village de Digéni a vu débarquer 500 personnes souhaitant se restaurer. Une ambiance insolite, transformant le village en carrefour du monde, comme un air de Barbès ou de ces quartiers populaires des pays du Nord dont la mixité a été sauvegardée et est en permanence menacée par les politiques abjectes sur les migrations où les déguerpissements pour laisser place aux bo-bos ou aux immeubles de bureaux.
15 heures de bus plus tard et après deux crevaisons, les caravanier-e-s sont arrivé-e-s à Kayes à 2h00 du matin. Ils ont été de nouveau logés dans le stade municipal, ressemblant mur pour mur à celui de Sikasso, également construit dans le cadre de la CAN. Notons que le manque d’organisation logistique sur place, l’arrivée tardive, la fatigue et le surnombre ont créé quelques tensions entre les caravanier-e-s.
Dès 10 heures, 300 personnes ont convergé vers une salle de spectacle où une conférence sur la question des migrations s’est tenue en trois langues : bambara, français et anglais. Le panel, enrichi, par les nouveaux participant-e-s, a présenté les grandes problématiques autour de cette question. Les cinq ateliers initialement prévus ont été annulés faute de temps, ce qui a entraîné un manque de débat et de discussion entre les participant-e-s.
La question de la liberté de circulation a été tout au long de la caravane une question centrale, un fil rouge, à la fois porté politiquement par les différents réseaux présents et dans la pratique à chaque poste de contrôle ou passage de frontières. De plus en plus, les pays africains s’alignent sur les politiques migratoires des pays dits « développés » privant de leur droit de libre circulation des milliers d’Africains. Rappelons que les flux migratoires les plus conséquents sont bien les flux régionaux et non les flux sud-nord. Cette situation est donc largement insupportable pour tout le continent et doit être dénoncée par l’ensemble des mouvements sociaux.
Vers 16H00, après de nouvelles tensions regrettables qui laissent apparaître au sein des militant-e-s une grande difficulté à s’organiser, collaborer et dialoguer dans le calme sur les problèmes rencontrés, la caravane composée de dix bus a repris la route pour Tambacounda au Sénégal, avant dernière étape avant Kaolak et Dakar...
– http://www.cadtm.org/Bamako-Kayes-p...
Voir à ce sujet :
"Dem Walla Dee", par le CADTM
Dem Walla Dee, partir ou mourir, réalisé par le CADTM, traite de l’immigration clandestine au Sénégal. C’est un témoignage poignant sur la misère au Sénégal due à la dette, poussant les habitants à fuir en chaloupe.