Les 280 Maliens expulsés par Libye à leur arrivée à Bamako ce 13 novembre 2008.
(Photo : AFP)
Quelque 140 Maliens expulsés de Libye sont arrivés à Bamako dans la nuit de mercredi à jeudi. 280 autres ressortissants maliens, pour la plupart en situation irrégulière en Libye, sont également arrivés à la mi-journée par vol spécial dans la capitale malienne. Plusieurs expulsés affirment avoir été maltraités par les autorités libyennes ; ils ont mis en cause les discours du colonel Mouammar Kadhafi en faveur de la constitution des « Etats-Unis d’Afrique ».
Avec notre correspondant à Bamako, Serge Daniel
Parmi les Maliens expulsés, pour la plupart des jeunes, certains travaillaient illégalement en Libye. D’autres voulaient émigrer en Europe. Les autorités de Tripoli ont durci, depuis le début de l’année, leur politique contre les émigrés clandestins, notamment envers les Africains venus du sud du Sahara, pour la plupart du Mali et du Niger, deux des pays les plus pauvres du globe. Plusieurs expulsés débarqués à l’aéroport de Bamako et conduits ensuite vers leurs villages d’origine par les autorités maliennes se sont plaint d’avoir été bastonnés par la police libyenne qui leur a confisqué tout leur argent et leurs biens personnels.
Des Maliens expulsés de Libye
« Ils on été maltraités par les forces de sécurité libyennes et deux d’entre eux sont aujourd’hui malades. »
13/11/2008 par Serge Daniel
Cette vague d’expulsions a suscité des vives protestations à Bamako. Maître Brahima Koné, président de l’Association malienne des droits de l’homme et de l’Union interafricaine des droits de l’homme, s’est insurgé contre les mauvais traitements infligés aux clandestins par les Libyens. Il a également demandé au gouvernement du Mali d’assumer ses responsabilités.
Brahima Koné
Président de l’Association malienne des droits de l’homme
« Nous sommes indignés par les traitements inhumains et dégradants qui ont été infligés par les autorités libyennes. »
13/11/2008 par Juliette Rengeval
Dans les discours officiels, la Libye du colonel Mouammar Kadhafi tient un discours très panafricaniste en faveur de la constitution des « Etats-Unis d’Afrique » et la mise en place rapide d’un « gouvernement africain ». Mais la Libye se plaint aussi d’être devenue un pays attirant tous les déshérités. Beaucoup traversent le territoire libyen dans le but d’atteindre l’Europe par voie maritime, notamment les îles et les côtes italiennes, à bord d’embarcations de fortune. Les naufrages de ces embarcations sont très fréquents. Les arrivées de clandestins par la mer ont fortement augmenté cette année en Italie, passant de 14 200 sur la période janvier-septembre 2007 à 23 600 sur la même période de 2008, selon les chiffres du ministère italien de l’Intérieur.
La Libye a conclu avec l’Europe, en juillet 2007, un accord prévoyant un mécanisme commun de surveillance des frontières maritimes et terrestres. Mais Tripoli réclame une aide européenne d’un milliard d’euros pour pouvoir lutter contre l’immigration clandestine. Selon Tripoli, les migrants seraient environ un million en Libye, où la population est de 5,7 millions. Mais pour l’Organisation internationale des migrations (OIM), ils seraient en réalité de 1,5 à 2 millions, venant en majorité de pays arabo-africains voisins, comme l’Egypte ou le Soudan. En juin dernier, les autorités libyennes avaient affirmé avoir rapatrié à leur compte 30 940 immigrants clandestins en 2007. En 2006, la Libye avait rapatrié 64 430 immigrants clandestins, selon un rapport officiel.