Les responsables de l’AME, Ousmane Diarra, le président, Mahamadou Konaté, le conseilleur juridique et Mme Doumbia Souadou Touré, le chargé de plaidoyer, lors de cette rencontre avec la presse, sont revenus sur les deux questions brulantes de l’heure au Mali : l’arrestation et l’expulsion violente des migrants maliens en Algérie et l’« accord » de réadmission entre le Mali et l’Union Européenne.
Selon Ousmane Diarra, depuis le 3 décembre 2016, « l’Algérie a procédé à une vague d’arrestation de migrants subsahariens à Alger…dans les conditions inhumaines et dégradantes pour être par la suite conduits vers la frontière nigérienne. Le nombre de 266 migrants maliens ont été recensés dès leur arrivée ici à Bamako. » il indiquera que l’AME est profondément préoccupée par cette situation mais aussi et surtout par le silence des autorités maliennes face à ce comportement d’un pays avec qui le Mali entretient de « bonnes relations ».
« Nous demandons aux autorités maliennes de convoquer l’Ambassadeur d’Algérie pour qu’il donne des explications par rapport aux vagues d’arrestations et d’expulsions de Maliens vivant en Algérie », a déclaré Ousmane Diarra.
Concernant une éventuelle signature d’un accord de réadmission entre le Mali et l’UE, selon les responsables de l’AME, l’inquiétude ne se situe plus au niveau de la signature ou pas d’un accord de réadmission, mais plutôt d’une « coopération » globale en matière migratoire, où il est clairement signalé que la priorité est le retour des migrants par différents autres moyens dont le cas très emblématique du laisser passer européen qu’on peut appeler « document européen unique de retour ».
« Ce document qui n’a aucune base juridique est déjà mis en application par certains pays européens comme la France et la Suède. Il y a aussi les « missions d’indentification » qui vont être menées par des officiels des pays tiers « partenaires » dans plusieurs Etats membres de l’UE. Il existe aussi comme mesure d’empêchement des migrants, l’utilisation de la biométrie et l’amélioration des registres d’état civil des pays concernés et nous constatons tous les efforts faits dans ce sens au Mali », a expliqué Ousmane Diarra . Pour lui, le piège pour les organisations de la société civile serait de se focaliser uniquement sur la non signature d’accord de réadmission.
« Les autorités maliennes pourront toujours affirmer qu’ils n’ont jamais signé un accord de réadmission, mais pour autant l’expulsion, le tri, le retour forcé ou planifié des migrants se feront à travers d’autres types d’accords que les pays africains vont signer individuellement avec l’UE », avertit le président de l’AME qui recommande à l’Etat malien de défendre et de préserver les droits et les intérêts des migrants maliens partout dans le monde. L’AME demande aussi à l’Etat malien de ne signer aucun accord qui favoriserait l’expulsion, le retour forcé déguisé en retour volontaire des migrants maliens…
Madiassa Kaba Diakité
Source : Lerepublicainmali