Association Malienne des Expulsés

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L’Humanité / Libye. Ces travailleurs africains bloqués en territoire libyen et oubliés du monde

Ils ne sont pas 
occidentaux, 
ni asiatiques, mais viennent du Tchad 
ou du Soudan... 
Ils sont les victimes indirectes 
du soulèvement. Personne ne se soucie plus d’eux. Rencontre. Benghazi, envoyé spécial.

Ils s’appellent Mohammed ou Abdou. Ils viennent du Tchad ou du Soudan. Ils sont ouvriers et souvent sans papiers. Ils sont les grands oubliés de la crise qui sévit en Libye.

Plusieurs dizaines de ces travailleurs immigrés vivent dans une zone industrielle de Benghazi. Un endroit pourri constellé de mares et où s’entassent des tiges de métal, des planches, des détritus. Rien qui laisserait penser que des humains y vivent. C’est pourtant là que loge Mohammad Ben Mohammad, trente ans. Il est venu du Tchad il y a deux ans et demi, où il a laissé femme et enfants, pour travailler au sein d’une société de construction turque. «  Je ne suis jamais rentré chez moi  », dit-il. «  Mon salaire est bien trop bas, 350 dinars par mois (moins de 200 euros – NDLR), pour que je m’achète un billet et la compagnie ne nous aide pas.  » Mais aujourd’hui, Mohammad, comme ses compagnons d’infortune que nous rencontrons, veut absolument rentrer chez eux. Coûte que coûte.

«  En tant que Noir, la vie n’a jamais été vraiment facile pour nous, ici  », explique Ahmed Adam, un Soudanais du Darfour qui est là depuis plus de vingt ans. «  Mais maintenant, c’est pire. De jeunes 
Libyens traînent avec des armes, nous agressent, nous volent le peu d’argent que nous avons.  » Un racisme latent qui se double d’une paranoïa soigneusement entretenue par la rébellion. Selon cette dernière, «  les Libyens ne tuent pas les Libyens  », moyennant quoi, toutes les exactions commises ou les affrontements qui se déroulent, sont le fait des milices de Ka-dhafi, les fameuses «  mortazakah  », composées d’éléments venus de l’Afrique subsaharienne. «  Mais personne ne fait rien pour nous  », fait remarquer Ahmed Adam. «  Ils ont évacué les Chinois, les Turcs, les Européens, les Américains, les Algériens. Mais nous, on est là, on ne fait pas attention à nous.  » Mohammad renchérit : «  Les organisations des droits de l’homme se foutent bien de gens comme nous. Ils n’évacuent que ceux qui ont de l’argent. Si on en avait, on ne demanderait rien à personne. On partirait tout seul, on rentrerait chez nous. Dites-le là-bas : on ne veut pas émigrer en Europe, on veut rentrer chez nous.  »

Alors que des milliers d’expatriés ont déjà profité des bateaux et des avions mis en place pour leur évacuation, l’Onu va maintenant commencer à étudier le rapatriement de ces travailleurs via le Niger. Les Nations unies fourniront-elles les gourdes d’eau pour traverser le désert ?

Pierre Barbancey

- http://www.humanite.fr/03_03_2011-l...

dimanche 6 mars 2011

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