Association Malienne des Expulsés

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L’indicateur Renouveau / Coopération Mali-Libye Khadafi : Le vrai faux ami du Mali

L’expulsion avec un rythme soutenu de plus de 900 compatriotes (en moins de deux ans) par le dirigeant libyen témoigne véritablement du mépris de celui-ci envers les Maliens travaillant en Libye. Paradoxalement, des entreprises libyennes s’installent les unes après les autres sur notre territoire ; et les capitaux libyens investissent de nos jours tous les secteurs stratégiques et rentables de l’économie malienne. Un paradoxe révoltant qui nous impose des réflexions sur le bien-fondé d’une telle coopération.

Les autorités libyennes ont renoué de plus belle avec le cycle répétitif des expulsions massives, brutales et inhumaines de ressortissants maliens raflés sur leur sol. Le rapatriement lundi dernier de 149 de nos compatriotes en rajoute à la liste de vagues d’expulsion déjà longue en moins de deux ans.

Les statistiques sont effroyables : pour l’année 2008, 420 Maliens ont été expulsés du sol libyen. Beaucoup ont été traumatisés par la violence de la répression et la nature du régime carcéral (privation de nourriture et d’assistance médicale pour les malades et les blessés). Ils continueront malheureusement de garder pour le reste de leur vie les séquelles physiques et psychologiques de ces violences. Certains en sont morts et dans des conditions qui offensent la dignité et la sensibilité humaines. C’est le cas, entre autres, de Modibo Keita (de la région de Kayes) et d’Abdoulaye Sangaré (de Sikasso) morts en 2008 alors qu’ils étaient emprisonnés avec 53 autres Maliens dans la prison de Barack en plein désert libyen. La plupart de ces compatriotes indignement expulsés par Mouammar Khadafi, travaillent depuis des années sur le sol libyen et n’étaient pas des sans-papiers.

Pour l’année 2009, 153 Maliens ont été expulsés en septembre après avoir passé plusieurs mois en détention dans les prisons libyennes. Ils ont été soumis, au vu et su de l’opinion, aux traitements des plus humiliants et dégradants avant d’être spoliés de leurs biens. Plusieurs de nos compatriotes sont décédés au cours de leur détention dans ce pays qui aime s’illustrer dans les arènes internationales comme le ferment de l’unité et de l’intégration africaines.

Cela signifie que désormais la Libye, comme les Etats européens, peut jeter en prison et sans jugement les personnes arrêtées sur son sol ; peut nier les droits les plus fondamentaux des travailleurs africains en particulier les Maliens ! D’autant plus que tous les Etats de la Méditerranée (Libye, Algérie, Tunisie, Mauritanie, Maroc) ont signé des accords avec l’Union européenne pour ériger des murs infranchissables moyennant de substantielles aides financières et sécuritaires pour réprimer dans le sang les immigrés clandestins dont le crime est d’avoir cherché à vivre dignement dans d’autres pays.

L’Europe qui assume une grande responsabilité dans la misère du continent africain, a érigé des barbelés pour se protéger. Cela, dans le cadre de sa politique d’externalisation. Elle a choisi certains Etats comme la Libye, l’Algérie, le Maroc, la Tunisie et la Mauritanie pour faire le sale boulot de sous-traitant à sa place.

Ces expulsions qui violent toutes les conventions internationales en matière de protection et de respect des droits de l’homme, n’enregistrent (malheureusement) aucune réaction, même symbolique des autorités maliennes sur lesquelles tombent sans cesse des pluies de pétrodollars et des carnets de chèques pour leur esprit de concession et d’allégeance aux capitaux libyens qui investissent de nos jours tous les secteurs stratégiques et rentables de l’économie malienne. Le paradoxe est d’autant plus révoltant qu’il impose au peuple malien une prise de conscience.

Au moment où des entreprises appartenant au régime Khadafi s’installent au Mali à tour de bras, la Libye, qui ne veut pas sentir de Maliens sur son sol, s’illustre par la négation absolue des droits fondamentaux de la personne. Les Maliens sont une cible de choix pour les services libyens. Ils sont pourchassés, dépouillés de leurs biens, humiliés, torturés puis jetés en prison pendant plusieurs années comme de vulgaires criminels, avant d’être expulsés et largués manu militari à l’aéroport de Bamako Sénou. La dernière expulsion en date est celle survenue lundi dernier et qui a touché 149 compatriotes. A l’aéroport, les témoignages sont effroyables, et confirment l’intensification de la répression, des expulsions massives brutales et inhumaines des travailleurs immigrés africains vivant sur le sol libyen.

Le « Guide de la révolution » se bat pour l’unité africaine et refuse la libre circulation des hommes sur le territoire libyen. Il fait arrêter « ses frères Africains », les emprisonne, les violente. Son Syrte (une région de la Libye) se positionne comme la capitale politique de l’Afrique. Tandis que Tripoli s’affiche comme la capitale des répressions et des humiliations des africains originaires des pays au Sud du Sahara. Ce sont les negro-africains qui sont expulsés, mais pas les arabo-berbères qui ont pourtant la même nationalité ! Comme pour dire qu’une nouvelle forme de racisme, de discriminations et d’ostracisme inacceptable naît en Libye.

Issa Fakaba Sissoko

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Voir à ce sujet :
- Communiqué de l’AME : Expulsion de 149 maliens de Libye

vendredi 7 mai 2010

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