En effet, les questions migratoires dans les pays voisins de l’Union européenne sont de nos jours indissociables des politiques européennes relatives à l’asile et aux migrations. Le durcissement des mesures d’entrée sur le territoire européen a rendu quasiment impossible aujourd’hui l’accès l’égal à ce territoire contribuant ainsi au développement de l’immigration dite « clandestine », phénomène tant combattu par les Etats européens.
C’est en 2004 que l’UE commence à développer la dimension externe de sa politique d’asile et d’immigration avec le programme de La Haye visant en outre à transférer aux pays du Sud la charge du contrôle des frontières. Ces mesures s’illustrent mieux dans les actions menées par l’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes (Frontex), basée à Varsovie en Pologne. Depuis sa création en 2005, Frontex a organisé de nombreuses interventions aux frontières de l’UE ; au niveau des Îles canaries, de Lampedusa pour empêcher les migrants de pénétrer sur le sol européen.
L’agence Frontex opère le plus souvent avec des pays du Sud comme le Sénégal et la Mauritanie en constituant des patrouilles mixtes, en formant et en équipant les forces de l’ordre locales. AME vient d’apprendre, à travers un document de travail, que l’EU envisage de déployer "des navires, des équipements de surveillance et d’exécuter des tâches opérationnelles" au Sénégal et en Mauritanie. Il est notamment question d’engager des démarches en vue de la négociation et, à moyen terme, de la conclusion d’un accord de statut permettant un soutien opérationnel direct de Frontex au Sénégal et en Mauritanie, notamment en matière de prévention de la criminalité et de la migration irrégulière, y compris dans la lutte contre le trafic de migrants et la traite des êtres humains. Le calendrier de cet accord du statut et pour le 3e trimestre de 2022 ; voici l’importance de mobiliser maintenant.
Exhortation et recommandations de AME :
1. Envers l’UE et ses Etats membres et associés :
– Abandonner systématiquement l’approche sécuritaire des politiques migratoires afin de faciliter la traditionnelle mobilité entre les continents européen et africain ;
– Cesser d’utiliser l’aide publique au développement, qui, d’ailleurs est nettement inférieure à l’argent envoyé par les migrants dans leurs pays d’origines, comme monnaie d’échange pour empêcher les migrations ;
– Garder les frontières accessibles pour garantir aux demandeurs d’asile la possibilité de demander une protection internationale sur le territoire européen ;
– Respecter la déclaration universelle des droits de l’homme qui consacre pour tout être humain « le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays » ;
– Ratifier et appliquer la Convention des Nations Unies sur les travailleurs migrants et des membres de leurs familles.
2. Envers les Etats africains,
– Réviser tous les accords bilatéraux et multilatéraux de coopération économique avec les l’UE et ses Etats membres et associés ;
– Renforcer le dispositif juridique et politique de protection des migrants africains ;
– Refuser d’être les gendarmes des Etats européens contre les africains.
3. Envers le Sénégal et la Mauritanie :
– Assurer la protection des migrants subsahariens le long du parcours migratoire ;
– Refuser de signer des accords bilatéraux de coopération qui violent les instruments régionaux et sous régionaux existants en matière des droits de l’homme
Bamako, le 18 Août 2022
Le Président
Ousmane Diarra