Association Malienne des Expulsés

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Conférence de presse : Problèmes des déplacés à Bamako, vagues de rapatriement et conditions des migrants de retour

Document de presse

Il ne fait plus aucun doute que le centre de notre pays est devenu le théâtre de nombreuses tensions. Celle qui a le plus soulevé l’indignation a été l’affrontement entre les communautés Peuls et Dogons. Certains groupes armés ont profité de cette occasion pour semer la terreur et perpétrer des actes aussi ignobles que barbares : tueries, pillages, extorsions et dépouillement de biens et d’autres actes atroces. Cette situation chaotique a provoqué le déplacement massif des centaines de personnes de tous les âges des régionsdu centre vers des régions stables au sud du pays.

L’Association Malienne des Expulsés, au cours d’une de ses sorties maraudes, a rencontré dans le marché à bétails de Niamana un groupe de personnes déplacées du centre du Mali. Tous du même village ‘‘Sadja’’ situé dans la Commune rurale de Bani-Bonzon du cercle de Bankass, au total 107 personnes ont échappé à une tentative d’assassinat collectif visant leur village. D’après leur récit, les assaillants étaient habillés en tenue de chasse et étaient tous armés avec des armes sophistiquées. Ils ont réduit le village en cendres après que les villageois aient pu prendre la fuite pour se sauver en abandonnant tous leurs bétails que les assaillants ont emportés.

Cela fait maintenant plus d’un mois et demi que ces personnes chassées et privées de leur village sont arrivées à Bamako. Elles sont hébergées dans le marché à bétails de Niamana dans des abris faits de bois recouverts de bâches, de tôle et de pailles. Elles sont confrontées à d’innombrables difficultés d’ordre sanitaire et hygiénique.

Parallèlement à ce premier défi, l’AME souhaiterait attirer l’attention de l’opinion publique nationale et internationale sur les conditions tragiques des migrants africains vivant en Angola. Ces derniers continuent d’être la cible des autorités policières et de la population angolaise. En effet et selon les témoignages, les migrants ouest africains, même ceux qui possèdent leur document de séjour valable, sont recherchés, arrêtés et emprisonnés arbitrairement, dans des conditions inhumaines et contraires au respect des droits de l’homme et de la dignité humaine.

Il est ressorti des témoignages de certains migrants récemment rapatriés que dans les prisons angolaises, les détenus manquent cruellement de nourritures, de soins et de différents services sociaux élémentaires de base. La détention varie dans sa durée entre des semaines et des mois. En outre, les migrants arrêtés sont dépossédés de tous leurs biens - mobiliers et immobiliers – et n’ont nulle part où se plaindre. Un migrant a fait savoir ceci : « La situation des migrants en Angola dépasse largement tout ce qu’on raconte ».

La Libye et l’Algérie continuent, de leurs côtés, à barrer la route aux migrants subsahariens. Cette situation se traduit par le rapatriement massif de ces migrants vers leurs régions d’origines. Déjà, en ce début de l’année 2019, il y a eu plusieurs vagues de rapatriement et d’autres sont en cours. D’après des sources sûres, le rapatriement de plusieurs centaines de personnes (environs 700 migrants) des pays maghrébins est prévu au début de l’année 2019. Du premier janvier à nos jours, trois convois sont déjà arrivés de l’Algérie et un de la Libye. Au total, l’Algérie seule a rapatrié plus de 300 migrants en seulement un mois et demi et la Libye en a rapatrié 165. Quant au Maroc, ce pays a refoulé environs 1350 migrants de novembre 2018 au Janvier 2019.

L’Association Malienne des Expulsés (AME), toujours présente et disposée à écouter et répondre aux appels de détresse des migrants et de toute autre catégorie de personnes en mobilité – déplacés internes, réfugiés, demandeurs d’asile - :
- Recommande aux autorités de continuer à veiller efficacement à la sécurité de la population sur toute l’étendue du territoire national ;
- Invite les autorités et les organisations humanitaires à apporter un accompagnement constant sur le plan social et sanitaire aux groupes de personnes déplacées qui vivent dans des conditions inacceptables à Bamako ;
- Encourage le gouvernement pour son implication et son assistance aux ressortissants maliens de l’Angola, tout en lui demandant de renforcer son action pour une meilleure protection de nos compatriotes ;
- Exhorte les Etats africains à respecter la Charte africaine des droits et des peuples qui interdit le rapatriement massif des migrants ressortissants d’un pays membre de l’Union Africaine.

Bamako, le 21 février 2019

jeudi 21 février 2019

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