Depuis quelques années, il ne se passe de jour sans que des Maliens établis de longues dates en France, ne soient expulsés pour défaut de papiers. L’Association malienne des expulsés (AME) qui se bat depuis quelques années contre les expulsions et pour les droits des migrants, vient d’ajouter une autre corde à son arc, en se positionnant sur le terrain de la réclamation des cotisations sociales des travailleurs africains, notamment les Maliens expulsés de France.
A l’occasion de la fête du travail que le monde entier vient de célébrer, l’Association malienne des expulsés (AME) a publié une déclaration pour dénoncer une injustice criarde qui met en cause les autorités françaises. Tout en condamnant les expulsions de travailleurs africains, notamment maliens de France, l’AME vient de monter au créneau. « Si on expulse un travailleur, il faut également expulser ses droits sociaux », soutient Ousmane Diarra dans sa déclaration en date du 1er mai 2009. Mais, auparavant, il a rappelé que le travail est l’exercice par lequel l’être humain se valorise socialement par le bénéfice des fruits de son labeur. Pour cela, il a estimé que la justice et la responsabilité humaine passent nécessairement par une rémunération équitable de l’effort de chacun selon ses compétences et ses acquis sociaux. « Nous avons tous droit à la dignité et à la considération que procure un travail décent », a-t-il déclaré.
Avant d’ajouter qu’en immigrant dans d’autres pays, les africains y vont pour explorer des opportunités nouvelles en réponse aux difficultés économiques et structurelles dans leurs pays d’origine. « C’est notre force de travail que nous allons offrir pour espérer avoir des lendemains meilleurs. Du travail au noir aux contrats à durée indéterminée, en passant par les multiples intérims, des Contrats à durée déterminée, nous produisons une plus value dans les pays d’accueil par le paiement des impôts, taxes et cotisations sociales, sans pouvoir bénéficier des droits et des prestations qui y sont attachés : retraite, allocation chômage, logement social, services publics, citoyenneté…
L’Etat français encaisse ainsi environ 2 milliards d’euros par an, sans jamais rien décaisser », a-t-il indiqué. Avant d’estimer qu’il y a une véritable spoliation de la grande majorité des 400.000 sans papiers de France. Il a révélé que malgré qu’ils soient des travailleurs déclarés ou reconnus, ils sont quotidiennement brutalisés et injustement arrêtés, détenus et expulsés vers leur pays d’origine d’où ils étaient absents pendant de longues années. Le Président de l’AME a indiqué que ces personnes arrivent, le plus souvent, sans un sou et sans accompagnement approprié, malgré qu’ils aient été des acteurs incontournables du développement économique et social dans leur pays d’origine. « L’argent envoyé dans leur pays d’origine par les immigrés, avec ou sans papiers, représente trois fois le montant de l’aide financière des gouvernements des pays riches », a-t-il révélé. Avant de se demander quel est le sort des droits sociaux des travailleurs expulsés qui sont tapis dans les caisses de la sécurité sociale du pays expulseur, notamment la France. « Nous dénonçons cette politique illogique qui tend à passer sous silence le racket organisé par les pays d’accueil qui spolient les immigrés de la partie essentielle du fruit de leur travail », a-t-il indiqué.
Avant de déclarer que les droits et les acquis sociaux des travailleurs immigrés ne doivent et ne peuvent pas passer par pertes et profits dans la balance des négociations opaques, pendant que des milliers de vie sont brisées et affaiblies ici et là-bas. « Que deviennent la femme et les enfants des travailleurs sans papiers expulsés quotidiennement de la France ? A quoi servent les cotisations sociales des travailleurs immigrés sans papiers encaissées par la France depuis plus de 30 ans ? », ce sont là autant de question que se posent l’AME et son Président Ousmane Diarra. Selon lui, il ne faut se faire aucune illusion, car l’Etat français a toujours agit en connaissance de cause en encaissant l’argent des immigrés clandestins.
« Aujourd’hui, à l’occasion du 1er Mai, jour anniversaire de la dignité humaine par le travail, nous interpellons les gouvernements sub-sahariens et Magrébins à travers leurs Ambassades et Consulats, à ne pas se rendre complices historiques d’un Système Vampire sur les acquis de droits des travailleurs immigrés sans papiers en facilitant la délivrance des laisser- passer », a-t-il indiqué. Avant de demander aux gouvernements de se souvenir de tous ces malheureux qui souffrent du dénuement ou de l’indifférence alors qu’ils ont travaillé et cotisé dans l’espoir de s’assurer pour leurs vieux jours. « Nous exigeons sans conditions un moratoire sur les expulsions afin de permettre un calcul compensatoire des droits sociaux pour tous les travailleurs immigrés sans papiers expulsés, car si on expulse un travailleur, il faut également expulser ses droits sociaux », a-t-il conclu.
Assane Koné
Le Républicain, 6 mai 2009