LEMONDE | 27.09.10 | 15h09 • Mis à jour le 27.09.10 | 15h09
Si Mahamadou Keita se démène, à l’aéroport de Bamako, pour essayer d’apporter un peu de soutien aux expulsés de France, les moyens manquent cruellement, au Mali, pour assurer un suivi, au moins psychologique, des clandestins qui ont souvent passé plusieurs années loin des leurs.
Ainsi M. Keita, par l’intermédiaire de l’Association malienne des expulsés (AME) - l’une des plus actives à Bamako -, ne prend en charge que les migrants des vols Air France. Et encore, pas de tous. Ainsi, en 2007, il a pu assurer un accompagnement pour seulement un tiers des 578 expulsés - 179 personnes sur 478, en 2008 ; 38 migrants sur 103, en 2009.
Pour les Maliens qui arrivent d’autres pays ou avec d’autres compagnies aériennes, l’accueil est pratiquement inexistant. Le ministère des Maliens de l’extérieur a bien un petit bureau dans l’aéroport. Il existe aussi quelques associations qui sont censées faire le même travail que l’AME. Mais ces structures sont souvent des coquilles vides.
Ces derniers temps, les expulsions ont certes beaucoup diminué depuis la France, comme depuis d’autres pays - essentiellement l’Espagne, la Libye, le Maroc, la Suisse et le Mozambique. Selon les chiffres de la protection civile, 1 228 personnes ont été expulsées en 2009 contre 2 293 en 2008.
Expulsions discrètes
Mais ces derniers chiffres ne prennent en compte que les personnes renvoyées par charters groupés. Ils n’intègrent pas tous ceux expulsés au compte-gouttes, au fond d’avions de passagers ordinaires. Or les pays qui expulsent ont de plus en plus tendance à utiliser cette méthode pour éviter les coups de projecteur médiatiques, l’émotion de l’opinion publique et la mobilisation d’associations des droits de l’homme.
Faute de budget propre, selon Nouhoun Coulibaly, sergent-chef de la protection civile malienne, il est aussi difficile à ses services d’assurer l’accompagnement pour lequel ils sont normalement missionnés : à savoir le logement ou le transport jusque dans la région d’origine des migrants. La plupart ne sont pas originaires de Bamako mais de Kayes, dans l’extrême sud-ouest du pays.
Elise Vincent
Article paru dans l’édition du 28.09.10
Voir à ce sujet :
La Cimade - Visa refusé - Témoignage de Mahamadou Keita de l’Association Malienne des Expulsés
Laissez-passer (France) / A Bamako, le violent retour à la case départ de Siabou le gréviste
Le Monde / Keita, le "toubab" de l’aéroport
France Info : A Bamako au Mali, l’expulsion, on connaît...