Association Malienne des Expulsés

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RAPPORT D’ACTIVITE - Campagne d’Information sur les conséquences de la Migration Clandestine et/ ou Irrégulière

RAPPORT d’activité : Appui à la mise en œuvre d’une campagne de sensibilisation :

1- Contexte :

Pour la mise en œuvre de notre programme de sensibilisation sur les conséquences de la migration clandestine et/ ou irrégulière « la démystification du mieux être ailleurs et la valorisation de l’individu dans son milieu local » ; l’Association Malienne des Expulsés a sollicité et bénéficié de l’appui financier et matériel du Consulat de Grande Bretagne à Bko.

L’AME a fait cette demande de soutien pour la production d’un débat télévisé avec la diffusion des spots d’information Radio/ Télé, l’animation d’un espace radiophonique sur le thème de l’immigration et la directive du retour UE, l’animation au siège d’une conférence de presse sur le sommet Euro Africain d’octobre 2008 à Paris, l’acquisition d’ un équipement informatique pour le suivi, la constitution d’éléments photos et vidéo déterminants cette campagne de sensibilisation sur les conséquences de l’immigration clandestine qui est une problématique cruciale et le creuset de tant de drames dans le désert, sur la mer et dans les pays d’accueil. Avec comme destin pour les candidats : un retour forcé vers le pays d’origine qu’ils ont tout fait pour quitter à la recherche d’un « avenir meilleur ».

Grâce à cette subvention et la collaboration de personnes ressources membres du collectif de soutien, nous avons réalisé ce périple pour faire partager nos expériences d’expulsés qui ont vécu des péripéties de clandestins, de sans papiers et d’intervenants auprès des migrants.
Ce programme est innovant dans le sens où ce sont des personnes qui ont vécu et éprouvé chacune une partie sensible de l’aventure qui interviennent dans les activités citées.

2- Production d’un débat télévisé à l’ORTM :

Présentation des Interventions : conséquences de la migration clandestine/ irrégulière

* Ousmane DIARRA : président de l’AME- expulsé d’Angola en 1996
Il a parlé de l’historique, des objectifs, des actions et des perspectives de l’association
Il aborda d’entrée les raisons de la sensibilisation ; le mali étant un pays de migration à plusieurs titres. C’est une zone d’émigration, de regroupement des migrants de la sous région et pratiquement de toute l’Afrique sub saharienne, donc un pays de transit et de refoulement.
Ces dernières années nous observons un accroissement de migrants en retour forcé bloqués et établis dans les principales villes du pays. Ces migrants n’avaient pas la première intention de s’installer ici mais quand ils sont refoulés sans moyens ni accompagnement, ils s’installent dans les villes comme Bamako, Sikasso, Mopti, et très souvent dans des ghettos.
Il a remarqué aussi que malgré les événements de Ceuta et Melilla en 2005 les jeunes et les étudiants maliens continuent à vouloir traverser le Sahara pour essayer d’atteindre l’Europe.
Les risques, les drames et la perte de l’espoir nous interpellent tous et en tant que président de l’association de soutien, de la défense et de l’accompagnement des migrants il a dit qu’il est nécessaire d’expliquer aux populations les réalités du terrain, les lois et les devoirs de chacun.
Le développement des échanges a porté sur les différents points suivants :
 qu’est ce qui a amené les expulsés à se regrouper et créer une association
 quelles sont les objectives que les membres fondateurs ont tracés pour atteindre le but
 quelles sont les activités et les actions menées depuis la création, avec quels moyens
 quelles sont les relations avec les associations, avec les autorités et les partenaires
 quelles sont les difficultés et les orientations (perspectives) pour l’association
Les interventions ont éclairé l’opinion publique sur la collaboration de l’AME avec les partenaires, le regard porté sur les personnes en retour forcé, le soutien du collectif de soutien et les rapports entre l’association, les autorités et les expulsés que nous encadrons.

* Mahamadou KEITA : secrétaire général AME- expulsé - 14 ans de résidence en France
Il a parle de la vie d’un immigré sans papiers, des conditions de l’expulsion, de son expérience dans l’accompagnement des personnes en retour forcé de l’aéroport en ville.
Il a articulé autour de :
Les raisons de son départ, les sentiments du retour forcé, les raisons de son engagement et son message aux jeunes en ce qui concerne l’immigration et la valorisation de l’individu chez soi.
En homme d’expérience qui a côtoyé longtemps les immigrés maliens et africains à Paris, aujourd’hui expulsé qui accueil et accompagne d’autres expulsés à Bamako.

* Alassane DICKO : fils d’immigré malien en cote d’ivoire- refoulé de Belgique en 2006.
Assistant technique et coordonnateur de l’accompagnement juridique AME- Plateforme Juridique de Soutien- Appui Partenaires il a parlé des lois de l’espace Européen et Maghrébin sur l’immigration et des familles restées dans le pays d’accueil.

* Tiény Kanouté : un migrant refoulé du Maroc qui a retenté clandestinement sa chance
Partit par pirogue en Espagne pour entrer en France. Il a travaillé un temps avant de tomber malade (hépatite B).Traité sous aide médical d’état et suivit par un docteur il a été expulsé vers son pays d’origine. _ Aujourd’hui sans traitement adéquat il partage son expérience pour dire aux autres son amertume sur « le temps perdu » pendant sa quête ailleurs d’un avenir meilleur.

* Maître Amadou Tiéoulé Diarra : membre du collectif de soutien et avocat conseil
Le conseiller juridique de l’association a éclairé les uns et les autres sur les droits des migrants à être traité selon les conventions internationales mais que les lois appliquées catégorisent et stigmatisent.
L’accès à l’enseignement de qualité, la formation et l’insertion en local au Mali ont été dans ses interventions. Il a souhaité une meilleure prise en compte des préoccupations des expulsés.

3- Impact relevé :

Ce programme d’activités a permit à court et moyen terme de relever le débat sur l’aventure clandestine surtout en ce qui concerne la compréhension du phénomène des expulsions, de l’appréhension des problèmes liés à l’aventure, de l’acceptation et le changement de regard portés sur les expulsés qui sont vus ici comme des « malchanceux, des fils indignes » n’ayant pas pu relever le défi.

Les informations portées auprès des populations urbaines a été l’occasion de toucher par ricochet les anciens expulsés, les candidats à l’aventure, les parents qui ses sentent déshonorés, les amis qui rejettent le démuni, et les pouvoirs publics quant à leurs manquements dans la prise en compte de cette question cruciale.

La connaissance des lois régissant la circulation et la résidence à l’étranger et les possibilités d’accès à la formation, à l’emploi a intéressé un nouveau public de jeunes qui viennent quotidiennement dans notre siège pour exposer leurs besoins d’orientation.

Les candidats à l’immigration saisonnière nous interrogent sur les dispositions de préparation et d’accompagnement administratifs de rigueur pour aller travailler dans certains pays.

Des mères de personnes migrantes longtemps partis sont venues nous faire part de leur émotion dans l’écoute de nos communications et elles nous demandent de tout mettre en œuvre pour retrouver les traces de leurs fils partis à l’aventure (Mauritanie, Espagne, Libye)

Parmi ces mères (un groupement de femmes du marché de Boulkassoumbougou- Bamako) se trouve A. Traoré qui nous a montré 05 extraits de naissance d’enfants dont les mères n’ont aucune nouvelle depuis 07 à 09 mois. Nous avons retrouvé les traces de l’un d’eux en détention dans un centre en Libye avec plus de 300 autres maliens en attente d’expulsion.

La liste des effets n’est pas limitée et il faudra capitaliser cette activité majeure d’information.

4- L’animation d’un espace radiophonique :

Des questions et réponses sur le thème ont été réalisée et diffusée sur Kayra FM.
Il y a eu une forte participation des auditeurs et des informations pertinentes ont été données.
Cette émission radio s’est déroulée le 08/ 08/09 et a duré de 7h à 8h 30 locales.
Vu l’engouement du public pour la question de l’immigration ; les responsables ont reconduit les débats dans la soirée pour donner le maximum d’éclairage sur la directive du retour UE.

5- La conférence de presse :

La caravane d’évènements faite au siège devant une dizaine de journalistes et un public moyen a été relayée dans nombre de quotidiens paraissant sur tout le territoire du Malien.
Cela aussi a suscité un autre débat entre lecteurs sur le site www.maliweb.net une vitrine de diffusion Internet de la presse malienne et sous régionale.
Les communications de cette conférence ont souligné les enjeux en œuvre sur l’application de la Directive Européenne du retour des immigrés sans papiers dans leur pays d’origine et de transit et les luttes transnationales pour la défense et le soutien aux migrants en particulier, aux expulsés et refoulés en général.
La participation de l’AME au Sommet Citoyen de Paris en octobre 2008 à été annoncée.

6- L’acquisition de matériels bureautique :

Comprenant 01 Pc HP P4/ 3.00 GHz et 01 scanner Brother MFC Network 440 CN usb Multifonctions. Ce équipement nous a permit de concevoir des outils de vulgarisation et d’information pour la suite de ce programme ; ainsi de renforcer les capacités techniques du suivi des activités.

7- La constitution des éléments photos et vidéos :

Ces éléments seront mis à la disposition du partenaire d’appui et de notre documentation est composée de :
 01 DVD enregistré de l’émission télévisée « Questions d’actualités » à l’ORTM.
 des photos et une séquence vidéo de la conférence de presse faite au siège de l’AME.
 des coupures de presse qui relatent les communications de cette conférence de presse.
 des photos du matériel informatique acquis pour la cellule technique de l’association.

8- Conclusion :

Nous remercions sincèrement le Consulat de Grande Bretagne à Bamako pour le soutien et l’appui à ce programme qui a succité beaucoup d’intérêt de la part des médias, des migrants et de la population. Le droit de circuler librement a été confronté aux lois qui le régissent.

Les divers commentaires de la presse et la continuité des débats sur les stations FM urbaines témoignent de la pertinence de l’information sur la base des politiques et les mécanismes à l’œuvre pour la gestion des flux migratoires, des droits des migrants en parcours ou en résidence et du rôle de l’Etat qui doit intéresser les jeunes à la formation et au travail.

Ceci pour démystifier le mieux être ailleurs et valoriser les capacités des productions locales.

Les jeunes candidats à l’émigration doivent être informés et orientés vers les structures nationales afin de les intéresser, les sédentariser pour capitaliser la force productrice locale.

Les diplômés doivent accéder aux informations sur les besoins du marché du travail et les populations locales des zones d’émission de migrants doivent aussi être impliquées dans l’élaboration et la mise en œuvre des actions de developpement pour leur participation efficace aux efforts des collectivités pour la réussite des projets de valorisation locales au Mali.

Pourquoi la démystification du mieux (être) ailleurs :

Partir à l’aventure est considéré comme une initiation des temps modernes.
Une façon de prouver son courage et son intelligence à trouver de quoi nourrir et subvenir aux besoins des siens.

Ne pars pas qui veut ; il faut beaucoup de détermination pour penser et
entreprendre le voyage. En se disant toujours que si l’autre a réussit ; il faut que je le fasse aussi, et très souvent par tous les moyens.

Ceux qui reviennent au bercail sont perçus comme des héros modernes ; enfants prodiges qui reviennent soulager et changer les conditions de vie des parents et de la communauté.

Accéder ainsi à un statut social envié.

Ceux qui résident là-bas participent régulièrement et significativement aux opérations sociales et aux financements des travaux nécessaires de développement ; ils sont alors honorés, adulés toujours cités en exemple que les autres (ceux qui ne sont pas partis) rêvent d’imiter, mieux de surpasser. Ainsi se met en place le projet de l’aventure. Faire Comme….
Lorsque même un immigré de passage donne conseils à ses frères et amis sur les conditions de vie labas ; on lui répond : Alors qu’est ce que tu fais labas, et comment tu gagnes tout cet argent si c’est autant difficile ?

Le candidat se demande pourquoi les devanciers durent-ils et comment font-ils pour travailler, gagner l’argent qu’ils ramènent en trophée.

La curiosité n’a d’égale en ampleur que les énergies qu’il déploiera pour atteindre l’autre coté de la mer, les risques et les affres sont sus, connus mais passent sous le silence des drames médiatisés tout le temps.

La connaissance des politiques de circulation, des lois de résidence et des opportunités de travail ; la conscientisation de l’immigration légale nous paraît propre à relever le niveau de compréhension générale de tous.

L’expulsion :

Le retour forcé est toujours ressentit par l’expulsé et sa famille comme une injustice faite à quelqu’un qui n’a fait qu’aller ailleurs ; essayer de changer les conditions de vie de sa communauté et de sa personne.

Pourquoi on lui refuse d’aller chercher ce qu’il ne peut pas trouver ici ?
Voilà la question que tous se posent, parents, amis et concerné.

L’expulsé se retrouve là où il a tout sacrifié pour quitter et revient d’où il a tout entrepris pour joindre. De là découle l’angoisse, le sentiment d’échec, la culpabilisation du retour.

Il ne sait plus quoi faire du lendemain.

La sensibilisation :

Avec la sensibilisation sur la problématique de l’immigration et de l’expulsion ; la personne expulsée trouve peu à peu des explications et des réponses à des choses qu’il n’appréhendait pas. Dans tous les cas, la sensibilisation change sa façon de voir ou d’analyser sa situation personnelle et d’envisager une reconversion ou une ré- insertion sociale productrice de revenus, en un mot avoir le courage de se réaliser chez soi. L’accès à l’information permet également de changer le regard porté sur l’expulsé par sa famille, ses amis et les voisins.

La sensibilisation permet aux acteurs d’ébaucher des perspectives, d’aller aux alternatives.

Du moins à s’intéresser à explorer d’autres pistes pour se réaliser dans le pays d’origine.

Ousmane Diarra
Président de l’association malienne des expulsés
678 21 11/ 224 30 16
Ousmanediarrame@yahoo.fr

lundi 6 octobre 2008

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