Association Malienne des Expulsés

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Actualités sur les politiques migratoires au Mali

Rappel :

Sur une population de 12 millions d’habitants(1) le Mali compte près de 4 millions de ressortissants à l’extérieur du pays. C’est donc un pays potentiellement émetteur de migrants qui partent majoritairement vers les pays de la sous région ouest africaine ; certains ont prolongé cette migration économique et d’établissement jusqu’à la corne de l’Afrique en passant par l’Afrique centrale et La Libye.

Une autre migration coloniale et post- coloniale essentiellement de main- d’œuvre à drainé une frange non moins importante vers l’Europe et plus récemment les Amériques et les pays asiatiques.

L’importance des mobilisations et transferts de fonds de ces maliens à l’extérieur (et leur apports dans le développement du pays d’origine) le nombre de plus en plus croissant de rapatriés, de sans- papiers, d’expulsés de nos compatriotes (qui tentent l’aventure) démontrent toute l’attention que l’on doit accorder à la compréhension des mécanismes en œuvre ou manquants ; qui sous tendent ou nourrissent ces tendances.
Depuis la fin des années 90 le Mali est devenu un espace de transit, de refoulement, et d’établissement des migrants (tous pour les mêmes raisons) non nationaux et subsahariens.

Constat de terrain :

Il n’y a pas de politique spécifique aux migrations au mali, sinon dans une application malaisée sur le terrain. Le Mali est aujourd’hui une zone de regroupement et de passage de nombreux africains de l’ouest, d’Afrique centrale qui espèrent de là traverser le désert pour atteindre les rives de la méditerranée. Les migrants nationaux et les autres ont en commun cette volonté d’aller ailleurs à la recherche d’un mieux vivre, mais les conditions restrictives de circulation, d’entrée et de séjour des personnes dans les pays de transit et d’accueil combinées au mirage des réseaux clandestins qui alimentent le rêve de l’eldorado contribuent pour beaucoup à ces mouvements.

Les flux montants empruntent des parcours divers mais bon nombre par Bamako et Sikasso pour joindre Gao le grand carrefour d’où partent les convois du désert. D’autres transit par Kayes et soit passent directement en Mauritanie où ils continuent sur le Sénégal pour enfin chercher à traverser. De plus nous enregistrons un grand nombre de refoulés et de rapatriés des pays de la zone Maghreb qui occasionnent l’établissement de la plupart de ces personnes en retour forcé dans les villes de Kidal, Gao, Sikasso et Bamako. Les foyers et ghettos de migrants sont ainsi visibles un peu partout. Les rapatriements par charter sont aussi courants de Libye, de la Mauritanie et du Mozambique.

A ce jour il n’existe pas de prise en compte politique pour cette catégorie de personnes en situation particulière qui ont des besoins spécifiques, qui appellent des solutions à moyen ou à long terme.

Les mises en œuvre des politiques migratoires au Mali :

Avant 2000 la prise en compte des maliens à l’extérieur était essentiellement axée sur leurs apports dans leur communauté et le développement des régions d’origine. Ceux qui partaient gardent des liens affectifs et sociaux avec le pays d’origine ; donc leur contribution a constitue un élément essentiel dans l’éveil des gouvernants et leur implication dans ce phénomène complexe.

Il est aujourd’hui surtout question de la valorisation des maliens de la diaspora et de la capitalisation de leurs apports au pays d’origine. D’où un intéressement évident des politiques vers les communautés établies à l’extérieur afin de canaliser leurs ressources financières vers le Mali.
L’importance de la diaspora malienne a donné lieu à la création d’un ministère des maliens de l’extérieur et de l’intégration africaine, avec une délégation générale chargée de l’assistance direct à l’élaboration de la prospection et la promotion des compatriotes expatriés ; de la mise en œuvre et la coordination de cette politique sur leur vécu quotidien dans les pays d’accueil.

La particularité de ce pays d’être plus qu’un simple émetteur mais surtout une zone de transit et de regroupement ne bénéficie pas encore d’une attention conséquente de la part des autorités.

Le grand nombre de refoulés quotidiennement déversés et abandonnés en plein désert à la frontière Algérienne, les rapatriements musclés et médiatisés ne semblent pas avoir amené les autorités à une prise en compte de leur situation précaire.

Les alternatives à la migration au Mali suivront ainsi le développement des politiques de contrôle et de gestion des flux élaborées par les pays d’accueil pour faire face aux mouvements vers le Nord.

Définition d’une immigration de type choisie :

Depuis 2003-2004 les diverses rencontres européennes d’abord, de haut niveau entre l’UE et les pays Sud méditerranéen ensuite élargies aux autres pays tiers ont concouru à donner de nouvelles orientations pour le contrôle et la gestion des migrations vers l’Europe ; singulièrement à définir des rôles à chaque partie selon sa position géographique. Le découpage des espaces en zone prioritaires et de surveillance est mise en œuvre, entraînant la restriction de la mobilité et les drames humains.
Après les évènements de Ceuta et Melilla de 2005 on se rend bien compte des durcissements des conditions d’entrée et de séjour des migrants ; soit légalement (visas) soit régulièrement (titre de séjour) ou illégalement (externalisation des frontières).

A partir de 2006 les consultations en Europe définissent de nouveaux rapports avec les pays du Sud surtout après les rencontres de Rabat (10-11 juillet 2006) et Tripoli (novembre 2006) suivies par le Dialogue Politique au titre de l’Article 13 de Cotonou entre le Mali et l’UE, le Mali-la Cedeao- la France- l’Espagne et la Commission Européenne (Lisbonne 2007) qui a produit une déclaration conjointe en février 2007 sur les migrations et le développement.

Le concept Franco- Européen de gestion des flux migratoires et de contrôle des frontières :

La redéfinition de l’immigration Sud- Nord dans le cadre des migrations et développement par les pays d’accueil a introduit un nouveau concept surtout après l’accord signé entre la France et le Sénégal le 23 septembre 2006 ; et depuis de tels accords sont en promotion soit par l’UE (Libye 23 juillet 2007 pour le contrôle des frontières méditerranéennes) soit bilatéralement entre le pays d’accueil et le pays d’origine comme ceux signés avec le Gabon (05 juillet 2007) le Congo, le Bénin pour la gestion des flux migratoires partant de ces pays tiers.

Ces accords tiennent en 04 points essentiels :
1. Organisation de la migration légale ;
2. lutte contre l’immigration irrégulière ;
3. approfondissement du lien entre migration et développement ;
4. des outils juridiques nouveaux mis en place en France tels que l’ouverture progressive et ciblée du marché français du travail aux ressortissants des nouveaux États membres de l’UE et meilleure organisation du marché du travail, en ouvrant 30 métiers dès la fin de l’année 2007 à l’immigration salariée non communautaire, en créant la carte de séjour « salarié en mission » ou la carte de séjour « compétences et talent » destinée aux migrants les plus qualifiés susceptibles de participer de façon significative et durable au développement des pays d’accueil et d’origine.

Ces outils au service de la politique « d’immigration choisie » se traduisent par la sélection de cadres hautement qualifiés ayant déjà une expérience professionnelle dans leurs pays ainsi que les artistes. Les raisons en sont que chaque pays européen a l’immigration de son histoire, entre pays voisins, anciennes colonies et anciennes métropoles, ou par le biais d’accords bilatéraux signés entre parties.

Les accords bilatéraux de « gestion concertée des flux migratoires et de codéveloppement » signés par la France avec le Sénégal, le Gabon, le Congo et le Bénin et dont des négociations sont en cours avec la Tunisie et le Mali dénotent et décalent de l’approche globale adoptée à Rabat en 2006 et démontrent un déficit juridique dans la protection des migrants et l’exercice de leurs droits face aux discours ambigus des pays du Sud sur le thème de l’émigration de leurs ressortissants.

Il est à noter que l’Espagne a ainsi signé avec le Mali un accord qui entend promouvoir une immigration de travail saisonnier dont nous attendons les résultats.

Les « programmes des » accords bilatéraux :

Se fondant sur la Déclaration de Rabat (en ses éléments d’approche globale) la structuration des accords en présente une « approche renouvelée au niveau mondial » (voir accords Gabon-France) dans une vision de partitions et de rôles affectés à chaque zone, domaine ou secteur ; conditionnés des financements pour le Co- développement, l’implantation de structures – observatoires qui encadrent et renforcent les capacités de gestion et contrôle des migrations ; donc à s’impliquer dans la politique sécuritaire des pays tiers( Frontex des îles canaries jusqu’au golfe de guinée, centre de rétention en Mauritanie et Libye, postes d’observation au Mali, stockage des données personnelles)

Sur la table des négociations les arguments des uns ont vite fait d’écraser les formulations malaisées des autres qui iront plutôt vers les capitaux dégagés pour les financements des programmes.

En plus des conditionnalités économiques il y a celle qui indique de reverser au compte de la partie tierce tous les acquis et bénéfices à la fin de l’exercice. Belle profession de foi « utilitaire ».

Des mesures concrètes ont été identifiées pour valoriser cette « innovation » :
La valorisation du rôle des diasporas comme acteurs du développement du pays d’origine,
Le financement et la mise en œuvre d’actions de développement dans le pays d’origine,
Le renforcement et la mise en réseau des structures de promotion de l’emploi
L’identification et l’accompagnement des projets d’insertion des jeunes
Le renforcement du concept de la migration circulaire,
Le soutien au retour des migrants dans le pays d’origine
L’atténuation des incidences négatives de la fuite des cerveaux et la mobilité des ressources

La corrélation entre immigration et développement pour en faire « du codéveloppement » se présente comme stratégie de récupération des manquements de nos gouvernants dans un dialogue d’intérêts approfondis en matière de gestion des flux migratoires fondée sur des relations étroites et historiques (anciennes et denses) qui inaugurent une nouvelle forme de partenariat. La question est : cela est élaboré avec qui, quand et sous quels termes ?

Au Mali bien que les négociations continuent après une première offensive par la venue du Ministre Hortefeux, ensuite une deuxième tentative à Paris (17-19 Mars 2008) le troisième round engagé par le Secrétaire Général du Ministère de l’immigration à l’hôtel Mandé de Bamako le 17 juin 2008 à occasionné notre sit-in devant l’assemblée nationale du Mali pour remettre au élus de la nation nos préoccupations et nos doléances à prendre en compte, car nous avons quelques choses à dire.

Cette manifestation pacifique et de droit constitutionnel a été violement réprimée devant la maison de notre peuple libre, fier et souverain.
Nous avions adressé des courriers officiels aux autorités compétentes 96 heures avant (au lieu de 72 h demandées) conformément au droit Malien de manifestation.

Cet épisode à donné lieu à un soutien massif de la part de nos compatriotes qui dans la compassion et se sentant concernés ont manifesté le caractère national des débats sur le sujet de l’immigration.
Les radios FM et la totalité des médias ont relatés ou relayés les informations sur la manifestation et des motions de soutien ont été adressées par la société civile.

Pendant 3 jours les débats ont été animés par des contributions et des recommandations légitimes.

Les actions récentes ou en cours au Mali sur les migrations :

Au Mali l’UE, l’Espagne et la France entreprennent déjà des actions allant dans le sens de la mise en œuvre des programmes identifiés dans d’autres accords de même type et des documents traitant le sujet de l’immigration.
Ainsi dans le domaine des migrations nous voyons un engouement soudain des institutions universitaires, parlementaires, ministères, organisations internationales, ONG, acteurs et associations issus de l’immigration, hommes politiques, conseillers et experts techniques.

Comme dans un chronogramme les choses se mettent en place progressivement :
- la sensibilisation contre les migrations illégales : en 3 volets
Les 2 premiers sont confiés à des ONG intervenants dans ce secteur ; le 3ème est à la charge de l’OIM qui exécute cette phase de campagne de 01 mois contre la migration irrégulière en relation avec le Ministère des Maliens de l’extérieur et de l’intégration africaine avec l’implication des associations.

L’AME participe à cette sensibilisation à travers notre Troupe à thème qui met en scène les conditions de vie de clandestins, le parcours vers l’expulsion, les conditions du retour forcé, etc.…

Nous mettons en scène les réalités vécues, les expériences et les conseils aux candidats potentiels.

L’aide au retour volontaire et la réinsertion : en 3 voltes
Les 2 premiers confiés à des ONG de la place ; 1 agence française et l’OIM qui pilote une phase sur un public différent avec la participation active des associations intervenant dans ce domaine.
L’AME participe aux réunions techniques convoquées par l’OIM pour étudier les modalités pratiques.
La participation de la diaspora dans le dispositif du TOKTEN qui sera la base des transferts de savoir acquis à l’extérieur et des technologies avancées.

Le CIGEM d’information et de gestion des migrations a ouvert ses portes sous les lampions de la République et des délégations européennes et françaises importantes le 06 octobre 2008 pour disent-ils apporter une solution globale à la migration du Sud Sahara vers le Nord riche en espoir pour des milliers de sans développement.

La recherche de financement et l’éligibilité aux fonds européens mis à disposition a entraîné la création d’une fédération des associations des maliens rapatriés et de l’extérieur ( FAMAREX) qui vient ainsi diviser ; mettre à mal la difficile cohésion entre les acteurs et organisations de la société civile au Mali.

Il est vrai que la longévité des structures qui décortiquent et informent les populations sur les enjeux et les conséquences des pratiques néo colonialiste reste un problème.

Sur les 32 associations recensées dans l’annuaire au Ministère des Maliens de l’extérieur 28 se sont mis sous la tutelle (financière et matérielle) du CIGEM à tort ou à raison afin de bénéficier des retombées annoncées mais pour quelle destination ?

Ensuite 02 autres associations sont une culturelle et l’autre à vocation sportive.

Les 2 restant sont l’AME et Le FORAM de Mme Aminata D. Traoré.

Nous nous inquiétons d’une minorisation et de fait de ne plus être associé à des espaces de discussion ; puisque en Afrique c’est ceux qui pensent la même chose qui se réunissent pour la préservation de leurs intérêts.

Nous avons besoin d’appui conséquent pour aider ceux qui ont besoin soutiens.

Pour le Bureau National AME
Dicko Alassane secrétaire permanent

29 Octobre 2008

Note (1) : Selon les projections faites à partir des données du RGP de 1998 qui fixaient le nombre à 9.810.912 hts

mercredi 29 octobre 2008

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