Association Malienne des Expulsés

Accueil > Communiqués > Communication de l’AME au Colloque « Migrations, Santé et Droits » Paris Avril (...)
Communication de l’AME au Colloque « Migrations, Santé et Droits » Paris Avril 2012

L’association malienne des expulsés a été crée le 6 octobre 1996 suite à des expulsions massives de Maliens immigrés dans le monde entier (France, Angola, Arabie Saoudite, Libéria, Zambie, etc.…) pour porter les revendications sur la récupération des biens laissés dans ex pays d’accueil, la dénonciation des pratiques policières et les conditions de leur retour forcé dans le pays d’origine.

L’objectif à atteindre étant le soutien et la défense des compatriotes établis à l’extérieur qui ont le destin de revenir involontairement au Mali et le plaidoyer sur les atteintes aux droits fondamentaux de ceux qui partent ailleurs à la recherche du mieux- être.

Les reconduites aux frontières et les refoulements en plein désert souvent médiatisés ne révèlent malheureusement pas ce qui peut arriver de pire pendant une procédure d’expulsion et ne doivent pas faire oublier tout ce que ces pratiques touchent dans l’individu physiquement et mentalement.

Les migrants en parcours ou dans le pays de destination sont très souvent sujets à des discriminations, des abus verbaux de caractère raciste, des méthodes de rétention dangereuses voire des violences et des traitements inhumains et dégradants.

Les procédés d’expulsion et de refoulements manquent de transparence et de contrôle dans la plupart des pays de transit et d’accueil. Un grand nombre des pays du Nord n’ont pas voulu signer la convention internationale des Nations- Unies de 1992 sur la protection des droits des travailleurs migrants et de leur famille. Le cadre juridique des expulsions et des refoulements ne semble pas être respecté en pratique et le droit international ne contraint pas à son respect. Les pays expulseurs ne se retrouvant pas devant des sanctions, il est à craindre le renforcement de politiques migratoires basées sur les violations des droits fondamentaux des étrangers et le durcissement des conditions d’asile qui portent des conséquences majeures sur le développement humain des personnes en situation de migration. Les critères de la mobilité pour l’accès à la Santé et au travail sont au cœur des choix politiques face aux enjeux de la globalisation, du contrôle et de la gestion des flux migratoires internationaux. Les sans papiers, les irréguliers et les expulsés sont aujourd’hui les acteurs du même combat pour une reconnaissance de nos droits en tant que personne normale.

Nous avons tous vécu l’expérience amère des interpellations et des gardes à vue, de la rétention et de ce retour dans la honte et le dénuement dès les premiers jours de l’arrivée dans notre pays d’origine. Le retour forcé est toujours ressentit comme un échec et les soucis immédiats du reconduit ou du refoulé sont dans l’accueil et l’accompagnement parce qu’il appréhende des lendemains incertains souvent après un long séjour hors du Mali.

Les personnes qui arrivent se retrouvent sans un sou, affaiblie par les conditions de l’expulsion et les premières difficultés seraient de retrouver un logeur et le courage de rejoindre la famille ou le village d’origine. Personne n’a eu la possibilité de prévenir la famille et d’autres ne voudraient même pas.

La plupart de ces gens n’ont pas la volonté de se retrouver face aux questionnements de la famille ou de l’entourage. C’est la honte comme on le dit et l’échec du projet migratoire peut affecter le migrant de retour involontaire et produire des impacts sur l’entourage familier.

Pour apporter un premier soutien d’accueil et d’accompagnement aux expulsés et refoulés nous avons développé des partenariats avec des organisations de la Solidarité Internationale qui interviennent dans l’action humanitaire et sociale auprès des immigrés et des migrants en transit. Au constat que c’est le clandestin en parcours ou le sans papier résident qui se retrouvera expulsé ; nous avons trouvé nécessaire d’établir le contact avec Médecins du Monde France depuis 2009. Pour qu’ensemble nous trouvions des solutions aux besoins spécifiques de l’AME sur l’accompagnement médico-social des personnes accueillies afin de mieux répondre aux attentes des migrants affectés par des troubles post-traumatiques.

L’accès aux soins en santé des migrants en situation de retour forcé au Mali a toujours été l’un des soucis majeurs de l’AME. Il est important de noter que le partenariat avec Médecins du Monde France est essentiellement motivé par cet objectif à savoir l’accès aux soins en santé mentale et physique des migrants en situation de retour forcé accueillit par l’AME. Les migrants maliens et étrangers de retour ont les mêmes droits aux traitements, les autorités sanitaires du Mali ne posent aucune condition particulière e cette population quant à leur accès aux soins en santé. A ce niveau, il faut dire que tous les patients (nationaux et étrangers) ont droit aux mêmes traitements, il faut juste être en mesure de s’acquitter du ticket d’accès au centre de santé (centre de santé communautaires ASACO, centre de référence et hôpitaux) pour bénéficier d’une consultation et avoir les moyens de payer ses ordonnances après. Le mécanisme mise en place par l’AME avec Médecins du Monde France et d’autres partenaires permet aujourd’hui aux migrants accueillit par notre association d’avoir accès aux soins en santé mentale et physique. Les migrants bénéficient d’une prise en charge intégrale de tous les frais et d’un suivi pour les cas qui le nécessitant.

Ce partenariat à permit d’améliorer l’accès aux soins des migrants en situation de retour forcé au Mali, et de contribuer à lutter contre les discriminations dont souffrent ces personnes. D’une part les intervenants de l’AME ont acquit des capacités en matière d’accueil, d’assistance d’urgence, d’orientation et de suivi des personnes en retour forcé. Également de nouvelles compétences leur permettant de mieux dépister d’éventuels dommages corporels et mentaux nécessitant une prise en charge spécialisée. D’autre part nous intervenons dans la sensibilisation des opinions sur les difficultés de la réintégration sociale des migrants en retour forcé et communiquons sur toutes les observations de violations des droits des personnes et les problématiques sociales des populations locales.

Plusieurs activités humanitaires ont été menées pour l’assistance directe aux migrants expulsés et refoulés sur le territoire Malien en termes d’accès aux soins physique et mentaux. Un réseau de praticiens accompagne les prises en charge médico-sociales des personnes accueillies, des missions exploratoires et de contacts dans les régions frontalières vers les autorités, les associations de base pour faire connaitre nos activités et renforcer les capacités des antennes locales de l’AME à ces points de refoulement des migrants. Notre partenariat a suscité aussi des rencontres ponctuelles avec des départements techniques de l’administration Malienne sur des questions cruciales telles que les expulsions massives de la Libye en 2010 ; des réunions avec des institutions concernées par les questions de la migration et des droits Humains au Mali telles que la Délégation UE et le CIGEM. 

Au niveau international notre organisation a tiré les bénéfices d’une mission d’assistance aux travailleurs migrants rapatriés dans le camp de Choucha suite à la crise Libyenne de Mars 2011 organisée par MDM pour évaluer les affects physique et mentaux des individus que nous devrions retrouver au Mali après les opérations de rapatriements vers le pays d’origine.

Au déclenchement de la crise au Nord Mali, l’AME a partagé ses analyses concernant l’évolution de la situation et les impacts sur les migrants dans les zones de regroupement comme Tinzawaten ; Inhalid et Kidal qui se trouvent aux mains des groupes armés rebelles. La réflexion conjointe avec MDM des effets de la crise sur les populations (touaregs- tamasheck- migrants) des zones concernées a initié l’envoi d’une mission exploratoire auprès des réfugiés Maliens du camp de Fassala et Mbere en Mauritanie en Mars 2012. En lien avec d’autres organisations partenaires nous maintenons la veille sur la situation au Nord afin de pouvoir répondre aux besoins lorsque la normalité sera rétablit.

Notre combat quotidien reste la défense des droits des personnes en situation de migration et nous savons que la situation d’insécurité dans la bande sahélo-saharienne va nécessairement affecter les conditions de vie et de parcours des immigrants sub-sahariens. Les régions du Nord Mali ; les frontières avec le Niger et l’Algérie sont les lieux de transit des migrants et des points de refoulements pour les convois escortés par les policiers Algériens.

La crise a conduit des centaines de migrants à fuir les localités du Nord et se replier en Algérie ou à Kidal. Le renforcement de la surveillance Algérienne a momentanément interrompu les arrivées de refoulés à la frontière mais les prisons sont pleines de migrants arrêtés en attente ; la prise de Kidal et Gao risque de couper le Mali en deux tandis que les migrants cherchent à sortir de ces villes et sollicitent les associations pour l’aide d’urgence.

Comme la crise Libyenne en 2011 ; les migrants se retrouvent une fois de plus en 2012 dans des zones de troubles armés et les populations locales se réfugient hors des frontières.

Par ma voix, les expulsés sollicitent toutes les organisations de la Solidarité Internationale et lancent un Appel à la mobilisation pour l’aide humanitaire aux populations locales des régions Nord du Mali, et de réfléchir à la meilleure synergie pour porter l’assistance nécessaire aux Maliens réfugiés dans les pays voisins. Nous remercions l’Association Française de Droit à la Santé (AFDS) pour toute l’attention accordée à nos activités au bénéfice des migrants et félicitons les organisateurs pour ce Colloque important qui permet de partager nos expériences et repartir chez nous avec des bonnes pratiques.

Bonne continuation dans la lutte pour le bon droit et la bonne justice égale pour tous et partout.

Alassane Dicko
Plaidoyer et Communications Réseaux
Association Malienne des Expulsés
Bamako- Mali
expulsesmaliensbasta@yahoo.fr


Voir à ce sujet
- http://www.afds.fr/index.php?art=73...

Crédit photo : Médecins du Monde

samedi 28 avril 2012

SPIP | contacter L'AME | Se connecter | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0

Siège : Djélibougou, route de Koulikoro, Immeuble N’Fa Fofana, Près de l’ex. Oumou-Sang (actuel Nissan Automobile)
Tél. (00 223) 20 24 11 22 * 66 78 21 11 * 71 00 30 00 * 76 37 82 46
Boite Postale 9155 Bamako Mali
Email : contact@expulsesmaliens.info
 Localisez-nous : Cliquez ici