Association Malienne des Expulsés

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Intervention lors de la Con­férence d’Evaluation de Dur­ban 1. Genève 2009

Inter­ven­tion d’Ousmane Diarra, prési­dent de l’AME, et respon­s­able Afrique du Départe­ment « Emi­grés– Refoulés– Expul­sés » Droits des Migrants

La Con­férence des Nations-Unies con­tre le racisme, qui s’est tenue à Durban, Afrique du Sud, du 28 août au 8 sep­tem­bre 2001 ; selon L’Assemblée générale des Nations Unies devait être ori­en­tée vers l’action et se con­cen­trer sur les étapes pra­tiques pour éradi­quer le racisme et que la Con­férence Mon­di­ale devait abor­der de manière glob­ale toutes les formes de racisme, y com­pris les formes con­tem­po­raines d’intolérance. Une déc­la­ra­tion et un pro­gramme d’actions ont été adop­tés.

Par­tant du principe de l’article 18 de la dite déc­la­ra­tion qui établit les éléments con­sti­tu­tifs de dis­cor­dance sociale entre les hommes et glob­ale­ment entre les peu­ples de La Terre nous obser­vons que biens de choses restent à faire. L’article 69 du pro­gramme d’action a indiqué alors un des axes de mise en œuvre adéquate et nous dote d’un autre canevas d’application par l’article 172 qui enfin souligne que « ….dans ce con­texte, les formes de dis­crim­i­na­tion mul­ti­ple devraient être pleine­ment prises en con­sid­éra­tion ». Au regard des 8 années écoulées dans la mise en ouvre et l’application de ces direc­tives force est de dire l’évaluation est sim­ple à pronon­cer : rien ni per­sonne n’a reculé.

Aujourd’hui l’état des rela­tions entre les pays et entre les peu­ples se traduisent par le marché des trans­ferts de biens et de la cir­cu­la­tion des per­son­nes. Tous les autres prob­lèmes s’y fédèrent. Les migrants sont les explo­rateurs de nou­velles oppor­tu­nités, mes­sagers des temps mod­ernes. Ils sont la man­i­fes­ta­tion des man­que­ments et des dysfonctionnements des choix poli­tiques de nos gou­ver­nants. Ici, en par­cours et là-bas. La prob­lé­ma­tique vient de la con­ver­gence entre les droits fon­da­men­taux dédiés à tous et la sauve­g­arde des intérêts sou­verains de cha­cun dans sa zone. La mon­di­al­i­sa­tion et les migra­tions de même que la crise économique et finan­cière com­pliquent la mise en œuvre de Dur­ban I.

A Genève ici il s’agit d’une con­férence de suivi et d’évaluation. Nous ouvrons une lucarne afin de véri­fier glob­ale­ment dans quelle mesure la Déc­la­ra­tion et le Plan d’action de Dur­ban ont été mis en œuvre, quels ont été les meilleurs moyens util­isés pour com­bat­tre le racisme. Le plan d’action a été inté­gré par de nom­breux Etats dans leurs pro­pres plans d’action nationaux. Mais depuis les ter­ri­bles atten­tats du 11 sep­tem­bre 2001, quelques jours après Dur­ban I, des défis nou­veaux sont apparus et les enjeux aux­quels nous sommes con­fron­tés sont plus dif­fi­ciles. Nous notons que dans le cadre de la lutte con­tre le ter­ror­isme, il y a eu des vio­la­tions des droits de l’homme, de l’islamophobie et des dis­crim­i­na­tions con­tre les gens de couleur. Con­tre les migrants. Les con­di­tions d’entrée et de séjour ont été dur­cis et des poli­tiques de restric­tions de la cir­cu­la­tion sont appliquées sur les per­son­nes qui voy­a­gent et celles qui s’établissent dans les pays d’accueil. Les exer­ci­ces de con­trôles des accès aux fron­tières externes con­duisent à ampli­fier les drames et les atteintes aux droits fon­da­men­taux des dés­espérés d’un sys­tème en crise dont ils sont les vic­times. Des mau­vaises pra­tiques en matière de respect des droits de l’homme dans le cadre de la lutte antiter­ror­iste tel qu’on a pu le con­stater au cours des huit dernières années aux Etats-Unis et ailleurs, avec la déten­tion sans procès par exem­ple, ont eu des échos d’application auprès de pays moins respectueux des droits humains con­cer­nant le traite­ment des migrants. Les rafles mas­sives, les arresta­tions à l’école– dans les bureaux de l’administration publique– devant les hôpi­taux et la Poste– les inter­pel­la­tions au faciès, les déten­tions pro­longées dans des lieux-prisons ne rel­e­vant pas de l’autorité judi­ci­aire, les pra­tiques de maitrise et de con­trôle appliquées sur la per­sonne en retour forcé sont des éléments qual­i­fi­ants de la grande régres­sion con­statée en matière de lutte con­tre les toutes les formes de vio­la­tion graves et mas­sives des droits humains.
Si nul n’avait voulu pren­dre la mesure des périls inhérents à la non appli­ca­tion des principes du pro­gramme d’action aucun d’entre nous ne peux dire exacte­ment com­ment en éval­uer les acquis : com­bat­tre le racisme dans un monde où l’autoritarisme et le nation­al­isme se nour­ris­sent des antag­o­nismes soci­aux et où les lib­ertés fon­da­men­tales ( indi­vidu­elles et com­mu­nau­taires) se révè­lent très sou­vent inter­prétées selon l’origine et les pos­si­bil­ités de la per­sonne ; con­train­dre les gou­verne­ments exige des garde-fous que les organ­isa­teurs de la ren­con­tre de Dur­ban I ont nég­ligés.

Alors que la con­férence devait déter­miner la lutte con­tre le racisme, les excès de posi­tion­nement qui l’ont précédée et les nou­velles donnes venues après ont pro­duit l’effet con­traire, ali­men­tant la haine et l’intolérance, ampli­fi­ant la xéno­pho­bie et les sévices sur les pop­u­la­tions vul­nérables.

Utiliser le droit posi­tif inter­na­tional et appli­quer les con­ven­tions pour faire changer les choses dans chaque seg­ment en local.

Il faut changer nos raison­nements au profit d’une recon­struc­tion com­mune et plurielle pra­tique : nous enten­dre sur les raisons de tout ceci (les disparités antag­o­niques et atteintes aux droits fon­da­men­taux).

« Le colo­nial­isme et l’oppression n’étant pas une affaire de couleur, les débats engagés ici doivent aller au delà des appar­te­nances religieuses et des par­al­lélismes de dom­mages. Il s’agit des droits de l’homme. Pour ce faire, nous avons besoin de bonne volonté de tous et de com­préhen­sion mutuelle, c’est aussi une ques­tion de volonté poli­tique »

La plu­part des par­tic­i­pants surtout africains se plaig­naient de la place prise par le Proche-Orient au détri­ment de tout le reste du monde dilu­ant du coup d’autres reven­di­ca­tions légitimes.

Le racisme et l’intolérance sont bien vivants – en Afrique et sur les noirs dans le monde — et l’on peut dire que si rien n’est mis en place con­tre, il va sévir encore longtemps.

Une fois que nous entrons dans le débat sur ces fléaux cela fait rejail­lir des tor­rents de sou­venirs et des mon­tages de haine, par­fois même imag­inés par ceux qui pré­ten­dent le com­bat­tre ; car cha­cun aura alors des intérêts à défendre et des alliés à soutenir.

Ce serait de la non assis­tance à con­ti­nent en dan­ger que de se laisser dépasser par les posi­tion­nements des uns et des autres, pour qu’une fois encore, les dis­crim­i­na­tions en Afrique ne passent pas sous silence. Il faut rap­peler le sort des migrants noirs dans nom­bre de pays arabes, du racisme entre eth­nies, du géno­cide au Rwanda, des pyg­mées que l’on chasse de leur terre comme des ani­maux dans la forêt cen­trafricaine, de la néces­saire recon­nais­sance de la traite transsa­hari­enne ou de l’esclavage actuel, des enfants tra­vail­lant dans les plan­ta­tions ; toutes ques­tions qui une fois encore vont passer sous silence si nous ne nous enga­geons pas dans les débats avec propo­si­tions.

La vic­toire a un prix c’est l’engagement et le courage de faire changer les choses.

Nous ne devrons pas adopter de texte qui passe sous silence les discrimina­tions en rai­son de l’orientation sex­uelle, la traite transsa­hari­enne ou dans l’océan indien, les dis­crim­i­na­tions que subis­sent les femmes et les mineurs, les dis­crim­i­na­tions de caste etc., pour ne pas don­ner un coup fatal à la lutte con­tre le racisme et la xéno­pho­bie dans le monde. Exi­geons le bon droit pour tous les humains. Le Racisme c’est ce qui empêche des per­son­nes d’avoir accès aux droits uni­versels.

Qui vien­dra, qui ne vien­dra pas ?

Nous y serons comme tou­jours, présents pour défendre, ici et ailleurs, les droits humains fon­da­men­taux uni­versels.

Nous y allons pour défendre ce qui con­stitue notre pat­ri­moine uni­versel de lib­erté d’expression et de propo­si­tion pour con­solider nos acquis démoc­ra­tiques au profit de tous et de toutes.

En 2001, lors de la Con­férence con­tre le racisme à Dur­ban, les organ­i­sa­tions qui pen­saient pou­voir s’exprimer, comme lors de toute con­férence onusi­enne, dans le cadre de la Con­férence des ONG qui se tient par­al­lèle­ment aux négo­ci­a­tions gou­verne­men­tales, n’ont pas été autorisées à le faire.

Nous y allons pour par­ler de l’enfermement et de la stig­ma­ti­sa­tion poli­tique des migrants suivis de l’expulsion et de la rétro­ces­sion des droits soci­aux des tra­vailleurs immi­grés.

La con­fu­sion nour­rit le fan­tasme. Nous allons pour con­solider l’accès aux droits pour tous sur la terre.

mercredi 1er avril 2009

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